
Mais mes chouchous les voilà: Re-Tros, pour Rebuilding The Rights of Statues. C'est un trio qui s'est formé à Pékin en 2003, un chanteur guitariste, une bassiste et un batteur, formule simple.
La tête pensante (et chantante) s'appelle Dong Hua et c'est de lui que viennent les inspirations du groupe; il cite pêle-mêle:Bauhaus, Tones On Tail, Siouxsie And Banshees, Blonde Redhead, Joy Division, Gang Of Four, Birthday Party, Television et Pere Ubu...et c'est vraiment la classe déjà quoi! Il a en fait découvert tout ca en Allemagne où il a fait une partie de ses études.

Je craignais un peu qu'ils ne se fassent bouffer par le côté immédiat/tubesque de leur musique, qu'ils ne se réduisent qu'à ce simple aspect et deviennent un groupe de pop lambda, efficace et bien foutu mais sans plus de fond...mais phoque OUF!!! ce n'est pas le cas! "Watch out! Climate has changed, fat mum rises..." va dans un sens unique, c'est très sérieux, noir, aucun pet de travers, aucun effet de style, le but est d'en faire le minimum. N'est pas privilégié un savoir faire tubesque au bout du compte, mais une écriture fine et simple, direct et radicale, qui tout au long de l'album ne dévie pas d'un poil d'une même ambiance cadrée par la première piste et la dernière, toutes deux instrumentales. La guitare est tranchante, la batterie minimaliste et la basse anguleuse et ondulante... Et putain quelle basse!! La tradition des basses de gonzesses est décidément bien perpétuée cette année après la bombe "Landlord" de Scul Hazzards et sa bassiste chaude comme la braise.
L'appréciation de ce disque ne se fait finalement pas de manière immédiate, tout ça est beaucoup plus profond. Tu plonges dans un truc qui se révèle progressivement et qui, au bout du compte, est pourtant d'une évidence folle. Zéro faute de goût et même les choeurs sur "Surrender" qui vont presque à contre-courant de l'absence de chair du reste de l'album sont parfaits. Tu croises plus loin "Escape behind...I" et sa perfection pop minimaliste: tu vois slalomer la guitare scintillante entre les martèlements psycho-rigides d'une alliance basse batterie ultra pas sophistiquée...et toi tu bouges ton cul... Encore plus loin, hommage à Bauhaus, ils se fendent d'une reprise du fameux "Bela Lugosi's Dead"...et ça marche... D'accord, tout est refroidi, on ne vient plus d'outretombe, mais la raideur de la chose fait son ptit effet... (ooommppphhhh incroyable paradoxe, j'ai rougi en écrivant ces derniers mots!)
Bref, un des disques que j'ai le plus écoutés cette année, qui figurera sans aucun doute dans mon best of de fin d'année. Mon aventure dans le rock chinois m'aura permis de découvrir ce groupe et putain j'en suis bien content. En espèrant 2 choses: qu'ils n'attendent pas 4 ans pour pondre un autre album et qu'ils reviennent en Europe et plus particulièrement en France.
(YES PHOQUING PREMIERE CHRONIQUE TERMINEE!!!)