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vendredi 30 avril 2010

Parenthetical Girls "Privilege, Pt. 1, On Death & Endearments" 2010

Parenthetical Girls est un groupe qui est actuellement à Portland aux States. Leur musique, c'est de la pure pop. En développant un poil, je crois qu'on pourrait ajouter que le rendu est proche d'une art-pop baroque et romantique. Un peu dans les eaux de Sparks, mais un Sparks pas barré... Mouais, pas un Sparks alors peut-être en fait... Disons que c'est une pop vachement élaborée et maniérée. Vu sous cet angle, ça peut faire peur, je le conçois. C'est un groupe très proche de trucs genre Xiu Xiu, The Dead Science, Former Ghosts... Au départ, son nom, c'était Swastika Girls, en rapport avec un morceau de Brian Eno. Deux des membres de base jouent d'ailleurs maintenant dans The Dead Science.

Ce groupe ne m'a pas forcément percuté directement en fait... Personnellement, je les ai découvert en 2008 avec leur dernier album en date, "Entanglements". Ils évoluent dans un style pas forcément à la mode, loin de toutes sonorités noise ou lo-fi et donc, il passe relativement inaperçu. Mais au bout du compte, j'ai été carrément séduit. Au départ, plutôt rebuté par le maniérisme du chant, mais rapidement, le talent mélodique, la force d'un univers singuliers, le côté "jm'en branle de pas suivre la mode"...tout ça donne énormément de caractère à ce qu'on entend. Dans cet album par lequel je les ai découverts, il y avait le morceau "A Song For Ellie Greenwich"... Putain... LA merveille pop immortelle! Je crois que j'aimerai ce morceau à vie. D'ors et déjà, il fait partie de mon panthéon personnel des plus chouettes morceaux jamais composés, ni plus, ni moins. Du coup, même si le reste de l'album n'était pas aussi exceptionnel (il était "juste" bon), ça m'avait quand même mis la puce à l'oreille quant au talent du groupe.


Alors du coup, j'étais très curieux d'écouter ce "Privilege, Pt. 1, On Death & Endearments", ep sorti il y a quelques mois. Ils continuent de creuser le même sillon pop expé mélancolique et sucré, et le talent s'affirme de plus en plus. Autant leurs morceaux deviennent de plus en plus simples, autant leur univers acquiert de la force! Cet ep de 4 titres est vraiment excellent de bout en bout. Et ce chanteur androgyne hyper charismatique... Il représente bien ce qu'on entend au final. Un truc soigné, élaboré, mais ambigu, dont on devine, via les paroles notamment, que leur truc, c'est l'ombre, malgré la forme baroque et ouverte. Et c'est marrant, mais j'ai le sentiment que mélodiquement, ce 4 titres est sous certains aspects très japonisant... Il me semble retrouver des mélodies et teintes que l'on croise dans le traditionnel nippon. Un clip a même été réalisé pour le premier titre: "Evelyn McHale". Ce disque est disponible en vinyl sur Slender Means Society. Les 4 morceaux sont superbes, et le talent de ce groupe est maintenant une évidence qui me permet de croire qu'un de ces 4, un album monumental risquerait de voir le jour.
Ah...et pour ceux qui se demandent si le nom du groupe a quelque chose à voir avec la no-wave des Theoretical Girls, musicalement non... Et quant à savoir si il y a un hommage là-dessous, je n'ai rien trouvé sur le sujet!

dimanche 29 novembre 2009

Holden "Fantomatisme" 2009

Le secret le mieux gardé de la pop française... Comment ce groupe peut-il encore passer aussi inaperçu? Certes, ce disque et son prédécesseur ont été loué au travers de nombreuses critiques, mais au bout du compte, ça reste quand même assez confidentiel. Pourtant, les morceaux, riches et parfois complexes, sont d'écoute très facile, on est bien dans la pop la plus pure, une pop qui s'assume à 400%, au mélodies collantes comme pas possible... Bon, on est par contre en pleine pop savante, qui emprunte à un large éventail de différents styles, tout ça réuni au final autour d'un tradition pop/chanson française hyper décomplexée. (encore une fois merci aux portes ouvertes par Manset, Barbara, Dominique A, Jean-Louis Murat,etc,...) Est-ce qu'il y'a un rapport entre la sous-exposition de ce groupe et le fait qu'il ait le cul entre 2 pays, la France et le Chili?
Holden est né en 1998 à Paris, autour de Mocke à la guitare et Armelle Pioline au chant. Le premier album, "L'Arrière-Monde" se situait dans la vague post-"Mémoire Neuve" de Dominique A, avec le succès du label Lithium sur lequel il était signé; un bon début, avec les caractéristiques du groupes encore timides mais une volonté de compositions déjà aventureuses... Avec un super morceau en anglais, "Chained". Le suivant, "Pedrolira" est l'album qui les a fait accéder à un plus haut niveau de popularité. En ce qui me concerne, il est aussi un album moyen, certainement leur moins bon. C'était pourtant la première collaboration avec Atom TM, compositeur allemand versé dans l'électro, basé à Santiago au Chili. Cela portera ses fruits dès le 3ème disque de Holden, "Chevrotine" sorti en 2006: le sucré des mélodies chantées est épuré et placé dans un écrin instrumental plus luxuriant et glacé. Et à partir de ce moment-là, je deviens fan du groupe. On atterrit en pleine rencontre Françoise Hardy VS Robert Wyatt. C'est jouissif de voir cette chanson française légère pleinement assumée et pas snobée, intégrée à une instrumentation riche et savante, jamais tape-à-l'oeil. Le parti pris esthétique de Holden est aussi, donc, de veiller à ce que l'équilibre de ce grand écart soit scrupuleusement respecté. Les membres du groupes sont de vrais passionnés de musique, écoutent beaucoup de disques et ça se sent.

Pourtant, en ce qui me concerne, ça n'était pas gagné... J'ai découvert le groupe avec le 3ème album, "Chevrotine" donc, et je n'ai pas été séduit directement, loin de là... J'ai fait l'erreur de sous-estimer le chant qui joue la carte d'une certaine mollesse aérienne non spectaculaire, et je trouvais ça fade. Fade? Loin s'en faut en fait! Je pense même que ça participe à la subtilité des compositions: les mélodies sont tellement directes et simples, qu'en faire plus alourdirait peut-être la chose, déjà très évidente. Le dernier album, "Fantomatisme" fonctionne de la même manière que le précédent, à ceci près que les brides sont lachées: l'influence psyché 70's est très accentuée. Histoire de donner quelques pistes, le groupe cite en vrac: Thelonious Monk, Syd Barrett, Robert Wyatt, Sun Ra, Skip James, John Fahey , Broadcast, Moondog, Bo Diddley, Can , Hank Williams, Brigitte Fontaine,etc,...
A l'heure où beaucoup de leurs contemporains pratiquent aussi le mélange des genres, Holden a pour lui son versant chanson/pop française 60's et j'ai vraiment la sensation que c'est ça qui agit comme rigueur organisatrice sur les différents éléments, provenant d'horizons pourtant bien divers. Le résultat est une pop unique pour peu qu'on prenne le temps de ne pas rester en surface.

"Fantomatisme" possède un sacré lot de richesses et il en faut du temps pour toutes les épuiser! Et je ne dis pas ça pour caser une phrase toute faite ah ah!
Le premier morceau annonce la couleur du disque: aérien, riche et subtile. A noter aussi que, sur ce disque, le chant est intégralement en français; sauf "La Carta", reprise de Violeta Parra, légendaire guitariste folkeuse chilienne morte à la fin des années 60. Personnellement, je trouve ça assez louable et courageux: ça donne un niveau supplémentaire d'éventuel enrichissement aux morceaux; d'autant que les textes sont assez beaux, et que des phrases restent lonnnnnnnngtemps en tête. Le second morceau, "Dans La Glace", une sorte de pop/folk bucolique et bricolo, et le 5ème, "Un Toit Etranger", une ballade folk/psyché imparable et parfaite, sont sans doutes les sommets mélodiques de l'album...même si j'ai une préférence pour ce dernier qui m'a valu une obsession casi-névrotique (je ne compte plus le nombre de fois où j'ai fredonné les paroles: "Combien de fois ai-je dormi sous un toit étranger...?"). Plus loin, "Maureen Katie Maya Aussi", "Longue Est Ma Descente" et "Où Sont Vos Bras Messieurs" (super structure, superbe batterie jazz/ambient Wyattesque), sont autant de mélopées lunaires et planantes, irrésistibles, mais finalement c'est sur un folk/country solaire que le disque va se clore, plus terrien. Est-ce que l'aventure céleste de Holden, soutenu, il faut le (re) préciser, par le génial boulot de Atom TM au mixage, est sur le point de se terminer? Il semblerait que oui selon les dire de Armelle dans un récent entretient: la collaboration a été super fructueuse, mais le groupe parle de revenir à quelque chose de plus brut, avec guitare plus présente. Hâte de voir ce que ça donnera!
En définitive, Holden s'adresse à qui? Sans doute à celui qui est curieux tout d'abord, qui sait apprécier une certaine chanson française issue des 60's, mais aussi le jazz/psyché 70's. Et à celui qui n'a pas peur du sucré, qui sait différencier la guimauve indigeste de la douceur plus subtile. Ah! Et un dernier truc! Pour ceux qui se demandent, depuis le début, si Armelle Pioline a quelque chose à voir avec le Cédric du même nom, eh bien la réponse semble être "oui"! Ils seraient cousins. C'est un super scoop ça non??!!