vendredi 11 décembre 2009

Scul Hazzards "Landlord" 2009

Ce "Landlord" est déjà le second album du groupe australien Scul Hazzards. Le premier, "Let Them Sink", paru l'année dernière, figurait parmi mes disques préférés de l'année 2008. La même année j'ai eu la chance de les voir en concert sur 2 dates et à chaque fois c'était phénoménal! Un trio rock guitare/basse/batterie classique qui t'envoie des morceaux sombres et tendus, mus par une colère rentrée. A chaque fois, la même (jouissive) rengaine: la dame, chaude comme la braise, derrière la basse, fait claquer tranquillement ces LOOUUURRRDES cordes... Le batteur applique la même façon à son instrument: un martèlement qui prend son temps et inéluctablement avance sur un chemin qu'on imagine pas rassurant du tout. Mais la menace n'est pas plus ce chemin que le groupe lui-même: le chant sauvage et enragé du guitariste en est la preuve, Scul Hazzards est un animal de guerre qui tranche, arrache et découpe, même si c'est de la manière la plus chirurgicale qui soit. Et ça leur plaît: il faut voir la bassiste en concert, onduler et jouir des brutales torgnoles (mmhhh super nom de groupe ça non??!) qu'elle nous inflige. Hyper sexe. Leur musique l'est aussi, impitoyable prédation dont le seule but serait de s'épanouir du massacre perpétué. Ca, c'était 2008... Et 2009? Quid du "Landlord" en question?

Comme son prédécesseur, il est paru grâce à la coalition de plusieurs labels français; putain de réussites pour eux, bravo! Pour le "Let Them Sink", Rejuvenation, Slow Death, Who's Brain, Les Disques Du Hangar 221 et Shot Down ont participé. Pour "Landlord", les mêmes mais Slow Death remplacé par Bigoût.
Je vais éviter de tourner autour du pot: ce disque est pour moi un indispensable noise/rock, ni plus ni moins. Qu'importe si la formule appliquée rappelle énormément (trop diront certains) la Chicago's touch, Shellac, Big'N (quand ce groupe sera-t-il reconnu à sa juste (énorme) valeur???)..., qu'importe si ça arrive 15 ans après, le groupe atteint ici une épure dingue!!! Il ne reste que l'essentiel, zéro artifice, une formule casi-minimaliste. Exactement dans le même registre "j'enrage donc je jouis" que le disque précédent, mais moins de gras, un décharnement extrême qui permet une mise en avant de chaque instrument, tous en même temps, dans une lecture simple, avec une attitude casi rentre-dedans. C'est impressionnant de voir ces morceaux défiler, aux rythmiques implacables et hyper maîtrisées, qui servent d'appui à la basse toujours aussi dinguement surtendue et à la guitare écorchée et rêche. On pense aussi à Rapeman. Les 5 premiers morceaux sont 5 tubes incroyables!!! La formule est pourtant tellement classique et connue!!!! Ces trois là sont définitivement hyper talentueux! Pas le talent démonstratif qui t'en met plein la gueule en un minimum de temps, mais un talent qui ne cherche pas à prouver quoique ce soit... Un talent sans doute aussi facilité dans son expression par une harmonie parfaite entre les 3 barjos.
Et en découle donc une évidence que l'on traiterait de racoleuse pour d'autres, moins honnêtes et/ou moins doués. Chaque titre est d'un même bloc, contrairement au premier disque qui permettait quelques breaks, ruptures harmoniques et autres "enrichissements" dont on se passe maintenant sans problème. D'aucun reprocheront à Scul Hazzards cette simplicité que je qualifie d'épure, en y voyant une perte de richesse à travers cette perte de matière. Je pense a contrario qu'il y a une volonté d'approfondissement en se centrant sur un motif instrumental, en le soulignant, en tournant autour et en faisant de lui la star de chaque morceau, si basique et sobre soit-il. Ah nom de dieu, ce putain de "Suburbs" sur la fin de l'album, et ses roulements de mécaniques, l'emballement de la batterie qui envoie rebondir dans tous les coins la basse folle et la guitare acérée et stridente qui fait saigner les oreilles...quel putain de pied!!!
Il faut absolument, par ailleurs, voir ce groupe en concert. C'est à chaque fois hyper organique et puissant (hyper sexuel et méchant??) et difficile de ne pas tomber amoureux des 3 bestioles sur scènes. Quelques exemples ici, ici, , , ou encore et ici pour une reprise du Kerosene de Big Black. Je ne comprends pas comment il est possible que ce groupe passe encore autant inaperçu!!! On me souffle à l'oreille qu'il faut que je case "un des secrets les mieux gardés du noise-rock contemporain"... Ok c'est fait et c'est tout à fait ça.

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