dimanche 8 novembre 2009

Rowland S. Howard "Pop Crimes" 2009

Oh merde, quel disque... Sérieusement, comment ne pas être séduit par ce mec? Cette gueule androgyne, ce physique hallucinant... Son jeu de guitare option blues du sud qui te transperce le ventre, ses différents projets musicaux à commencer évidemment par The Birthday Party... J'adore ce type... J'adore son nouveau disque "Pop Crimes"...
On a croisé l'australien dans d'autres projets, These Immortal Souls et Crime And the City Solution notamment et en 1999, il avait sorti son premier disque en solo, "Teenage Snuff Film" où il nous livrait un blues-rock gothique sombre, très enraciné dans un essentiel folklore américain. 10 ans se sont écoulés depuis, durant lesquels il n'est apparu que sur un single avec le groupe The Devastations. Il faut aussi dire que Rowland S. Howard est gravement malade, et l'enregistrement de son nouveau disque a dû être accéléré de peur qu'il reste à jamais non-fini, dixit lui-même dans un récent entretien. Et ça fout les boules.
Quand j'ai lancé le disque, j'ai immédiatement fondu... Pas en larmes mais ça aurait pu... Les 2 premiers morceaux sont sublimes, 2 ballades tristes, entre lumière et ombres, aux mélodies parfaites, évidentes et c'est réellement bouleversant. D'emblée, le disque t'attaque d'un double direct aux tripes.

Le premier morceau, "(I Know) A Girl Called Jonny" est un duo avec Jonnine Standish. Cette gonzesse chante dans Htrk, groupe d'origine australienne qui a sorti un disque cette année aussi. Bon disque par ailleurs! Avec un sommet, "Fascinator", que j'ai beaucoup écouté. Ici, elle offre à Rowland S. Howard sa plus belle voix grave, un truc dingue de sensualité déprimée. Elle a définitivement un truc fort cette Jonnine... Et la voix qui lui répond est profonde et sombre et nous tiendra tout le long de l'album; une voix de crooner gothique romantique que tu suivras sans te poser aucune question.
Et qui revient donc dès le morceau suivant "Shut Me Down", qui est la reprise d'un morceau déjà paru sur une réédition vinyl de son premier album, en 2001. Le nouveau disque est bien plus épuré que le précédent d'ailleurs, et finalement la première version de ce morceau qui fait le lien entre les deux, annonçait déjà ce cap vers quelque chose de plus essentiel car il était bien plus posé et décharné que les autres. Dans le même ordre d'idée, Rowland précise qu'il a aimé par exemple le choix du disque à 8 morceaux, hommage aux années 80 durant lesquelles les sorties vinyle à 4 titres par face étaient une sorte de schéma classique. Et retour à l'essentiel à travers le blues aussi, car ce disque est avant tout marqué de ce sceau, essence du rock et de bien plus. Cette nouvelle version de "Shut Me Down" est casi identique, mais moins terrienne, un violon rend la chose plus planante et le tempo est ralenti. La voix est pourtant encore plus grave, plus profonde. Le songwriter dans toute son oeuvre, il laisse respirer sa mélodie et elle devient encore plus touchante... Un peu à la manière d'un Bill Callahan, qui n'hésite pas à frôler un non-spectaculaire le plus complet pour mettre en valeur la seule matière vivante restant. Ce morceau me transforme en putain de chochotte, c'est irrésistible... A chaque fois qu'il prononce la sentence "you shut me down", je suis submergé d'émotion.
Le titre suivant est une reprise de Talk Talk, un tube à l'époque, "Life's what you make it", paru sur "The colour of Spring", l'album qui les a lancés vers les cimes ultimes atteintes quelques années après, à travers leur génial "Laughing Stock". En ce qui me concerne, c'est surtout l'occasion de me reposer et de me préparer pour un des temps forts de l'album, le titre qui donne son nom au disque: "Pop Crimes".
Enorme basse qui répète son schéma durant plus de 7 minutes, alors qu'un blues de guitare va et vient, enveloppant Howard qui se transforme pour tout le reste du disque en cowboy gothique. Et c'est donc logiquement qu'on le retrouve juste après à reprendre Townes Van Zandt, superbe interprète country/folk/blues dont les premiers disques remontent à la fin des années 60. Le morceau "Nothin'" était un country blues très noir d'un sublime incomparable qui se terminait ainsi:

Sorrow and solitude
These are the precious things
And the only words
That are worth rememberin'

Exactement la tonalité qui colle à la peau de Howard; il en fait une marche funèbre plus lourde, qui n'égale pas pour moi la version de Van Zandt, mais il pousse le blues du morceau en avant et en sort une version plus outrée, plus effrayante mais sans doutes moins émouvante. "Wayward man" suit, excellent aussi, avec une superbe batterie autoritaire, Mick Harvey avec qui il jouait dans The Birthday Party, et c'est vraiment le morceau qui renvoie le plus à ces débuts, avec même un cuivre barjot. Après avoir (très bien) fait son Leonard Cohen sur l'avant dernière piste, le cowboy remonte sur son cheval et s'en va sur un dernier morceau qui clos le disque comme un générique de fin de film, montrant le héros s'en allant vers de nouvelles aventures... J'espère en effet, putain de merde, qu'il y en aura d'autres... En attendant, celle-là donne lieu à un très très très très bon disque!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu me donnes envie de l'acheter! J'aime beaucoup Nick Cave et quand j'ai entendu le premier titre de l'album. Je me suis dit: c'est magnifique! Mais le fait que ce soit qu'un huit titres m'a fait un peu reculer (vu le prix des disques)... Je viendrai de temps en temps lire les critiques de tes disques!

Pierre a dit…

Oh bah c'est gentil, merci! :p

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